Éditorial : A quand la dépolitisation de l’administration publique Congolaise ?

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Dire aujourd’hui que l’administration Congolaise est politisée, c’est une litote. On en croirait à une administration appartenant exclusivement à une seule famille ou à une alliance politique tellement ceux qui occupent les différentes responsabilités en République Démocratique du Congo n’appartiennent seulement qu’à la coalition de partis au pouvoir, comme si par ailleurs ce sont les seuls cadres à porter des ambitions pour le Congolais.

Une exclusion institutionnalisée
cela perdure depuis l’avènement du système 1+4 suite au besoin du gouvernement de cohésion nationale, même si l’opinion publique s’accorde à dire que le phénomène s’est amplifié davantage de nos jours.

“Les appartenances politiques dictes les nominations”

Les nominations sont aujourd’hui encore guidées par le degré de militantisme, plus celui-ci est élevé plus la promotion à des hautes fonctions est garantie d’un côté, et d’autre côté, plus le cadre s’écarte de la politique plus il est condamné à être marginalisé dans les nominations malgré sa compétence et son expérience.

Notre classe politique donne l’impression d’être congénitalement revancharde au point d’exclure les cadres qui n’adhèrent pas aux partis politiques ou ceux du camp opposé.

Il est clair que le pays appartient à tout un chacun, personne n’a le monopole du patriotisme et nuire aux intérêts de son pays reviendrait à nuire à ses propres intérêts et ceux de ses enfants.

Quelle fierté pourrait tirer un cadre en sabotant des actions de développement de son pays ? Surtout, à certain niveau de responsabilité chaque cadre Congolais est très conscient de ses responsabilités face à son pays et face à l’histoire.

D’ailleurs, comment sur de simple suspicions peut-on procéder à une exclusion ? Même s’il est vrai que ces exclusions cachent bien d’autres motivations bien plus clientélistes que la détermination à vouloir faire avancer les dossiers en apportant les ajustements nécessaires à travers des exclusions.

Le degré de politisation de notre administration est très exagéré aujourd’hui au point où être simple directeur d’une école primaire relève de l’utopie si l’on n’est pas militant.

S’il est un secteur où l’on doit responsabiliser davantage les plus compétents, les plus expérimentés c’est bien l’éducation où la politique doit être le dernier des critères pour déterminer le choix des responsables en charge du secteur à tous les niveaux.

Cette situation ne peut pas permettre le retour de la sérénité et la confiance dont l’école publique a grandement besoin, mais ne peut que porter le coup fatal à une école déjà agonisante.

La nomination d’un directeur d’école ne doit jamais dépendre de l’engagement politique pour une école républicaine car cela nuirait forcément à la qualité de la formation de nos enfants, futurs responsables et avenir de notre pays. Ceci est un exemple illustratif du contexte général.

En effet, cette pratique concerne tous les secteurs de l’administration publique dans la mesure où il n’existe pas aujourd’hui un seul service public qui soit épargné par la politisation.

Tout le spectacle désolant auquel se livre toute la classe politique n’a aucunement sa raison d’être, surtout que la politique c’est un outil fédérateur des différentes énergies d’un pays pour stimuler le développement.

Que les hautes autorités de notre pays ferment les yeux sur une telle pratique est synonyme de leur approbation d’une telle politique d’exclusion pour un pays encore très fragile, qui a besoin de la compétence et de l’intelligence de tous ses cadres qu’il avait participé à former à grand coup.

Les vrais priorités ou préoccupations sont dévoyés et remplacés par la politique et son corollaire d’absence de résultats qui est toléré surtout quand il s’agit de militants engagés pour le parti dans la mobilisation des militants même si c’est au préjudice de l’Etat.

De plus, à l’heure actuelle, il est clair que les cadres de commandement sont des véritables vecteurs de la politisation des services déconcentrés sous leurs tutelles dans leurs entités administratives.

Paul Zaïdi

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