Kasaï Oriental : De la violation des consignes du Covid-19 à l’atteinte à la sûreté de l’État, Faustin Mbiya, «un journaliste détenu exceptionnel»

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C’est l’affaire du moment au Kasaï oriental. Celle de l’incarcération du journaliste et directeur des programmes de la Radio Fondation Daniel Madimba (FDM), Faustin Mbiya Dipondu.

Arrêté samedi 9 mai au pont Lubilanji, entrée Est de la ville de Mbujimayi, pour « violation des consignes de lutte contre le Coronavirus », le « confrère » a vu les motifs de sa détention évoluer jour après jour, jusqu’à « l’atteinte à la sûreté de l’Etat ».

Chronologie des faits samedi 9 mai 2020, Faustin Mbiya est en mission de travail à Tshilenge où il produit en direct l’émission TRIBUNE DES AUDITEURS avec la population locale.

En fin de journée,le directeur et ses collaborateurs prennent la route pour regagner Mbuji-Mayi. Ils sont alors interceptés au pont Lubilanji par les éléments de la police et conduits à l’Etat-major de la PNC.

Il est signifié au « confrère » qu’il est mis aux arrêts pour non-respect des mesures de lutte contre le COVID19, principalement la distanciation sociale et doit passer sa première nuit au cachot.

Lundi 11 mai 2020, alors que Faustin Mbiya (selon son propre récit) et son avocat s’apprête à payer l’amande selon le dernier arrêté du gouverneur de province, soit 40 000fc, l’OPJ, lui demande d’attendre les instructions de la hiérarchie.

Les heures passent, la nuit s’approche, le « détenu » s’impatiente et pose des questions. C’est alors les OPJ lui dira qu’il est désormais poursuivi pour « outrage à l’autorité, du gouverneur de province ».

Un enregistrement d’une de ses émissions est alors joué en sa présence, sans qu’aucun propos outrageant le gouverneur ne soit trouvé, selon son témoignage. Il est quand même gardé en détention pour une 3e nuit de suite.

Mardi 12 mai 2020 vers midi, après avoir payé des amendes et attendant d’être libéré, Faustin Mbiya est informé qu’il va être transféré au parquet. A sa question de savoir le pourquoi de ce revirement de la situation, on lui dira que « des nouvelles charges pèsent contre lui ». Il est désormais accusé “d’atteinte à la sureté de l’Etat”. Le confrère va passer sa 4e nuit en detention.

CONSTAT

1. les griefs mis à la charge du confrère Faustin Mbiya ont évolué pendant 3 jours de détention, passant de la violation des mesures de lutte contre le coronavirus à l’atteinte à la sûreté de l’Etat. Ce qui a conduit plusieurs corporations des journalistes dont l’UNPC et l’UJPEKOR à dénoncer une détention arbitraire et exigent la libération sans condition de ce journaliste.

2. L’arrestation de Faustin Mbiya est intervenu 24 heures après l’incident ayant impliqué 2 de ses collaborateurs journalistes toujours au pont Lubilanji. Les confrères avaient dénoncé une agression de la part des individus proches du Gouverneur Jean Maweja. Des allégations qui ont été réfuté par la cellule de communication du gouverneur de province.

3. La mise en détention de ce journaliste (Faustin Mbiya) est une première au Kasaï oriental depuis plusieurs années. Ce qui fait de lui un « détenu exceptionnel », selon plusieurs observateurs qui en appellent à l’implication personnelle du gouverneur de province pour que le « confrère » recouvre sa liberté. Sinon, l’image de la province et de ses autorités est en jeu, ajoutent ces analystes.

MON OPINION

La profession journalistique étant encadrée par des textes, il est recommandé aux journalistes d’œuvrer dans le strict respect de ces textes (code d’éthique et de déontologie, loi portant exercice de la liberté de la presse).

Cependant, si un citoyen se sent laisé par des propos tenus par un journaliste durant une production, il est recommandé de réclamer un droit de réponse, ou dans les cas échéants, saisir les instances de régulation et autorégulation pour obtenir réparation.

Le recours à une arrestation doit être l’ultime démarche si des faits infractionnels sont réellement établis à la charge du journaliste. Mettre en détention un journaliste pour des motifs changeants nuit gravement à la réputation de la province.

Avec une presse véritablement libre et professionnelle, Tout le monde est gagnant et notre chère démocratie est consolidée ; surtout en cette période d’instauration de l’Etat de droit par le chef de l’Etat.

Arsène Mpunga Wa Mpunga, journaliste à la Radio Télévision Océan Pacifique (RTOP)/Mbujimayi

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