RDC :La coalition FCC-CACH doit cesser l’hypocrisie politique et l’amalgame teintée du tribalisme (Tribune d’Érik Binga)

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Il était prémédité que le Congo reste un pays à des réalités socio-politiques complexes mais depuis la mutation des partis politiques en plateformes électorales pour respecter la modification de la loi électorale en exigeant des seuils de représentativité sur le plan national afin d’être déclaré élu par la CENI, tout n’est plus comme avant.

L’avant ? C’est bien évidemment l’époque de Rassop d’Etienne Tshisekedi face l’ex Majorité Présidentielle de Joseph Kabila encore au pouvoir après la fin de son mandat renouvelé une fois.

Ces épisodes sont généralement marqués par des manifestations extrêmement violentes causant morts d’hommes et des pertes matérielles considérables à chaque fois que les congolais étaient envoyés à l’abattoir pour manifester et les forces de l’ordre de l’époque ne tergiversaient pas quand le besoin de dégainer sur certains fauteurs de troubles qui se comportaient en Talibans se présentait selon la hiérarchie.

Des tristes événements qui ont manifestement fait reculer le pays d’un iota sur le plan socio-économique jusqu’à atteindre de proposition incommensurable à chaque fois que ça prenait des allures d’un feuilleton entre Talibans et forces de l’ordre afghan, palestiniens et soldats israéliens, jusqu’à l’avènement de l’alternance pacifique que tout le monde a applaudi avec une lueur d’espoir pour le développement de ce grand pays potentiellement riche mais socialement pauvre, tel un vrai paradoxe.

Origine des violentes manifestations du 23 au 24 juin 2020 avec pillage et vandalisme des biens privés ?

Deux députés nationaux d’obédience politiquey estampillée Front Commun pour Congo (FCC), Aubin Minaku et Gary Sakata, proches collaborateurs de l’ex-président de la République Joseph Kabila ont initié 3 propositions des lois donnant les allures d’une réforme de l’appareil judiciaire, seraient à l’origine de ces événements malheureux et condamnables à Kinshasa et Lubumbashi.

Des simples lois proposées puissent sonner l’hécatombe dans le pays?

C’est là où le bas blesse dans la mesure où, le rôle d’un député parmi tant d’autres est justement la conception, l’initiation, la proposition des lois au bureau de l’hémicycle pour être soumis aux débats contradictoires avant le vote.

De ce point de vue, nos deux élus ont manifestement fait leur travail mais ce qui a énervé une partie de la population, la société civile et bien évidemment l’opposition, c’est le contenu de ces lois jugées caporalistes et inopportunes mettant en soumission les magistrats du parquet sur l’autorité morale du ministre de la justice.

Surtout quand on sait que politiquement, le ministre de la justice est de Kingakati, ses adversaires politiques tant dans la coalition que dans l’opposition ne digéreront jamais un tel coup de maître qui mettrait à l’abri de la justice carrément les anciens délinquants administratifs du regime passé.

Les réactions des magistrats réunis en syndicats SYNAMAC ?

Pendant que Kinshasa et Lubumbashi étaient en ébullition pour protester contre les lois Minaku et Sakata, les magistrats ont également fait entendre leur opposition à ces lois.

Les magistrats se sont réunis ce mercredi 24 juin 2020 au Parquet général de Matete, à l’invitation du Syndicat Autonome des Magistrats du Congo (SYNAMAC), pour arrêter des stratégies permettant de barrer la route aux trois propositions de loi initiées par les députés Aubin Minaku et Gary Sakata. 

Après débat, ils ont décidé de lancer la récolte des signatures qui leur permettront de saisir le président de la République pour lui signifier de l’inconstitutionnalité de ces propositions de loi.

Au-delà de cette pétition, les magistrats ont apprêté une requête en inconstitutionnalité contre ces lois à déposer à la Cour constitutionnelle.

Et que dit le chef de l’État dans sa casquette de garant de la nation et du bon fonctionnement des institutions de la République ?

Le chef de l’État Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a réagi suite aux manifestations de protestation qui ont eu lieu le mercredi 24 juin 2020 devant le palais du peuple situé dans la commune de Lingwala à Kinshasa, contre les propositions de loi initiées par les députés nationaux Aubin Minaku et Gary Sakata sur la réforme de la justice.

D’après sa porte-parole adjointe Tina Salama, le président de la République a rappelé à la classe politique la nécessité d’entreprendre des initiatives qui visent d’abord l’intérêt du peuple Congolais.

“Le chef de l’État rappelle à la classe politique de toute tendance, sa responsabilité de ne pouvoir entreprendre, surtout en cette période d’état d’urgence, que des initiatives à privilégier, en toute chose, l’intérêt de la nation ainsi que la paix sociale”, a dit Félix Tshisekedi relayé par sa porte-parole adjointe.

Par ailleurs, le président Tshisekedi a condamné les violences qui ont eu le même jour lors des manifestations de protestation, à en croire son porte-parole Kasongo Mwema Yamba Y’amba.

“Toute en respectant le droit constitutionnel de manifester, le chef de l’Etat condamne avec véhémence les violences et attaques perpétrées ce jour contre les personnes et leurs biens. Il en appelle ainsi calme et au respect de la loi par tous”, a dit Kasongo Mwema Yamba Yamba dans un message lu à la télévision nationale.

Pour conclure cette Tribune, nous condamnons également le vandalisme et troubles à l’ordre public orchestré par certains leaders politiques à court d’arguments et en mal de positionnement tout en recommandant ce qui suit:

1. Le privilège d’un dialogue permanent et hebdomadaire entre les différents partenaires en coalition pour l’évaluation régulière de la marche de ladite coalition;

2. Privilège d’une consultation impérative de la partie contractante dans la coalition à chaque initiative, conception et/ou proposition d’une ou plusieurs lois tendant à modifier la constitution et réformer les organes de la justice;

3. Arrêt immédiat des comportements indignes des hommes d’État qui favorisent l’hypocrisie politique et l’amalgame teintée du tribalisme au sein de la coalition;

4. L’éducation civique des militants et sympathisants de chaque partis et regroupements politiques en coalition afin de leur inculquer des valeurs centrées sur le respect des biens publics et privés pendant leur manifestation pacifique;

5. Encourager nos forces de l’ordre de continuer dans cet élan nouvel d’une police républicaine et professionnelle dans l’encadrement des manifestants sans utiliser les kalachs et autres armes létales qui causent des pertes en vies humaines

Erik Binga, analyste politique

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