RDC : Les organisations de défense des droits humains recommandent au gouvernement d’interpeller les différentes autorités provinciales pour leur implication dans la dégradation de la situation sécuritaire

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Dans un communiqué de presse conjoint intitulé : ‘‘Insécurité dans le grand Katanga, prélude d’une grande crise’’, les organisations de promotion et de défense des droits humains ASADHO, ACAJ, LE, LICOF, JUSTICIA Asbl, VSV ainsi que les mouvements citoyens FILIMBI et LUCHA dirent suivre avec attention la dégradation de la situation sécuritaire dans les provinces du Haut-Katanga, Tanganyika, Lualaba, Haut-Lomami et ses impacts sur la réalisation des droits et libertés garantis par la constitution congolaise. « En effet, c’est depuis plus d’une année que la situation sécuritaire dans les provinces dites du Grand Katanga ne fait que se détériorer, à l’instar, d’ailleurs de celle à l’Est de la République comme Walikale, Mwenga, province du Sud-Kivu, Djugu, province d’Ituri… avec ses innombrables victimes consécutives aux massacres récurrents et autres attaques des populations civiles ». Peut-on lire dans le communiqué.

A Lubumbashi et à Kolwezi, des personnes non autrement identifiées s’introduisent très facilement dans les maisons des particuliers parfois sur une vaste étendue et opèrent en toute quiétude causant parfois morts d’homme, viols et extorsions des biens, dans une impuissance parfaite des autorités politico-administratives ainsi que celles policières.

Si les libertés de manifestations sont constitutionnellement garanties, elles ne sont pourtant pas mises facilement en œuvre. Pour s’en convaincre, les marches organisées par les partisans des administrations provinciales sont automatiquement autorisées et encadrées, alors que celles organisées par les opposants politiques sont soit refusées, soit sabotées. C’est le cas des incidents survenus en date du 08 juillet 2020, entre les jeunes du PPRD et ceux de l’UDPS sur l’avenue Du 30 juin non loin de la permanence du PPRD qui s’est soldée par des attaques à la machette, l’incendie de plusieurs motos.

Nos organisations ont appris avec satisfaction partielle l’interpellation de Monsieur Patty BENZ, de la jeunesse du PPRD par l’ANR ou il se serait expliqué sur la provenance des machettes et des fonds pour l’encadrement de plusieurs groupes des délinquants pour s’en prendre aux militants de l’UDPS, UNAFEC et LAMUKA lors des marches contre l’entérinement de la candidature de Ronsard MALONDA et les propositions des lois MINAKU et SAKATA. Il aurait produit des enregistrements audio impliquant plusieurs personnalités, membres du FCC qui, eux ne sont pas encore interpellés. Toujours à Lubumbashi, plusieurs corps sans vie, identifiés comme membres de l’UDPS ont été repêchés de la rivière Lubumbashi entre le 12 et le 13 juillet. Tous ces corps portent des marques de torture, des brulures et de coup tordu. Des manifestants ont été criblés des balles lors de ces mêmes manifestations. Tout porte à croire qu’une stratégie a été mise en place pour tuer des manifestants.

A Kolwezi, le gouvernement provincial, à travers certains conseillers du gouverneur et des membres des organisations proches de ce dernier, aurait recruté plusieurs groupes des sportifs, des jeunes désœuvrés et enfants de la rue pour infiltrer les manifestations prévues par l’UDPS, UNAFEC et LAMUKA sous prétexte que ces marches étaient organisées par des non-originaires qui désiraient prendre le contrôle de la ville.

Des sources concordantes renseignent que des dignitaires de l’ancien régime se prépareraient à assassiner certains hauts officiers de l’armée et de la police proche de certains généraux originaires des provinces du Grand Katanga en vue de provoquer un mécontentement populaire généralisé qui justifierait le lancement d’un mouvement de rébellion armée.

Les organisations signataires s’inquiètent de plusieurs facteurs pouvant impacter négativement sur la situation sécuritaire de la zone. C’est notamment les recherches infructueuses pour la traque de l’ancien seigneur de guerre Gédéon KYUNGU MUTANGA ainsi que la lenteur de la justice militaire dans le traitement du dossier lié à l’assassinat des militants indépendantistes de Gédéon en date du 23 février 2020.

Les organisations signataires regrettent la monté des discours et messages tribaux relayés sur les réseaux sociaux par des personnalités bien connues et identifiées sans que la justice et les autorités n’interviennent pour y mettre un terme.

Par ailleurs, l’attitude de certains militants de l’UDPS, spécialement ceux de la base dite bilanga de Kasumbalesa, qui percevraient des taxes illégales à la traversé des marchandises ou qui obligeraient les passants à s’arrêter lorsque le drapeau du parti est hissé et son hymne chanté, contribue exacerberait les tensions inter communautaires.

Au regard de ce qui précède, les organisations signataires invitent :

Le Gouvernement central

– A prendre très au sérieux le message d’avertissement lancé par Antoine Gabriel KYUNGU WA KUMWANZA en date du 26 juillet 2020 sur les préparations d’un vaste conflit dans cette région ;

– A interpeller les différentes autorités provinciales pour leur implication dans la dégradation de la situation sécuritaire et l’exacerbation des messages et autres pratiques tribalistes dans l’unique but d’affaiblir l’autorité de l’Etat ;

– A tout mettre en œuvre pour assurer la sécurité des officiers militaires de l’armée et de la police basés dans le grand Katanga en vue de faire échec aux stratégies de déstabilisation de la région ;

– A garantir l’apolitisme des services de sécurité. Les autorités gouvernementales des provinces du Haut-Katanga, du Haut-Lomami, Lualaba et Tanganyika ;

– A tout mettre en œuvre pour ne pas cautionner et encourager l’insécurité contre leurs administrés ;

– A mettre à la disposition des services de sécurité tous les moyens nécessaires pour démasquer les groupes des malfaiteurs qui endeuillent les différentes villes, cités et villages des provinces citées ci-haut.

Aux partis politiques

– A dénoncer publiquement et solennellement toutes les pratiques de nature à menacer la paix et l’intégrité territoriale ;

– A appeler leurs militants aux vertus de la paix, la tolérance, la cohabitation pacifique, plutôt que détruire la jeunesse en l’armant et l’incitant à des actes de violence contre d’autres jeunes ;

– A cesser d’attiser les tensions tribales pour des fins politiques.

Rédaction

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