RDC : “La coalition FCC-CACH est émaillée des turbulences et des égos surdimensionnés entre différents acteurs” (Tribune d’ Érik Binga)

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La République Démocratique du Congo (RDC), vit une année 2020 riche en événements rocambolesques et honteux sur le plan politique. Le confinement et la série prorogation d’état d’urgence en état d’urgence favorisent les règlements de compte entre partenaires de la coalition FCC-CACH d’une part et ceux de l’UDPS et l’UNC dans le CACH d’autre part.

Le FCC s’il faudra le rappeler, digère très mal sa défaite à la présidence de la république lors des élections de 2018, d’où son alliance avec le régime de Félix Tshisekedi pour la cogestion des institutions de la république au niveau du gouvernement et les entreprises publiques.

Genèse de guéguerre entre le FCC et Kabund (Maître nageur)?

Les nuages s’accumulent et l’étau se resserre autour du président Félix Tshisekedi. Son directeur de cabinet et allié politique Vital Kamerhe est en prison. Et c’est maintenant son principal chien de garde à l’Assemblée nationale et patron de l’UDPS, Jean-Marc Kabund, qui se retrouvait destitué de son poste de premier vice-président.

A l’Assemblée nationale c’était un certain lundi du mois de mai dernier, les députés de l’UDPS, le parti présidentiel, en sont venus aux mains pour défendre l’un des leurs, Jean-Marc Kabund, avant le vote de sa destitution.

La séance a été suspendue, mais lorsque le vote a pu reprendre, la sanction a été sans appel : 289 voix pour, 17 contre et 9 abstentions. A l’issue du dépouillement, Jean-Marc Kabund avait donc été destitué de son poste très stratégique de premier vice-président de l’Assemblée nationale, une chambre largement dominée par le FCC de Joseph Kabila. Félix Tshisekedi avait donc perdu son principal relais au sein du parlement.

L’affaire congrès à 7 millions dénoncé sans preuves par Kabund sur Top Congo de Christian Lusakweno ?

Pour le député Kabund, ce vote n’est pas une surprise et résulte d’une énième manoeuvre du FCC pro-Kabila.

«Ce passage en force est la preuve que le complot était ourdi et va au-delà de ma destitution. En vrai Tshisekediste, je quitte ce poste la tête haute et sans compromission. Fier d’avoir défendu notre idéal de combat, notre pouvoir et le président de la République », avait déclaré le patron de l’UDPS via son compte Twitter.

À l’origine de la destitution de Jean-Marc Kabund : son opposition à la tenue d’un congrès des deux chambres pour valider l’état d’urgence décrété par Félix Tshiskedi pour lutter contre la pandémie à Coronavirus.

Le patron de l’UDPS y voyait un piège tendu par le FCC pour destituer Félix Tshisekedi. Sur les ondes, Jean-Marc Kabund a également dénoncé le coût supposé du congrès qu’il estimait à 7 millions de dollars. Une somme démentie par le bureau de l’Assemblée nationale. S’en suit une pétition initiée par le député du MLC,Jean-Jacques Mamba, qui se fera arrêter par la police,soupçonné d’avoir usurpé la signature de plusieurs députés pour son texte anti-Kabund.

Et si le FCC viserait Félix Tshisekedi à travers les attaques contre Kabund?

Avec ce nouvel épisode, la République démocratique du Congo (RDC) s’enfonce un peu plus dans la crise politique. La détention de Vital Kamerhe d’abord, puis la destitution éphémère de Jean-Marc Kabund ensuite, isole et fragilise Félix Tshisekedi dans ses coalitions avec l’UNC de Vital Kamerhe au sein de CACH, et avec le FCC de Joseph Kabila au sein du gouvernement.

Les affaires Kamerhe et Kabund sonnent donc comme un avertissement pour le président congolais. Minoritaire dans les deux chambres, Félix Tshisekedi se retrouve subitement privé de son allié de l’UNC et de son porte-voix à l’Assemblée nationale.

L’affaiblissement progressif de Félix Tshisekedi fait évidement le jeu du FCC de Joseph Kabila, toujours en embuscade pour récupérer le seul poste qui lui manque : la présidence de la République.
« Le travail de sape du FCC continue », confie un fidèle du président congolais.

Est-ce que le président intérimaire de l’UDPS sera-t-il réhabilité par la cour constitutionnelle ?

Pour combien de temps?

Ce poste revient de droit à la coalition CACH, mais une candidature surprise, soutenue en sous-main par le FCC, était en gestation pour sortir du bois et rafler la mise au nez et à la barbe de Félix Tshisekedi, qui aurait pu perdre ainsi son principal soutien à l’Assemblée nationale.

Le président Tshisekedi vient donc de se rendre compte que le FCC n’est sans doute pas l’allié qu’il pensait, et que la coalition avec le FCC est en train de se transformer en cohabitation dure… très dure encore.

Nouvelle pétiticon du PPRD, Didi Manara contre Kabund?

Le FCC ne désarme pas, conscient de son échec d’abord au niveau du conseil d’État en demandant de surseoir l’élection du 1er vice-président de l’Assemblée nationale en attendant la décision de la cour constitutionnelle de ce mercredi, le regroupement politique de Joseph Kabila contre-attaque la réhabilitation de Kabund à travers une nouvelle pétition toujours contre Kabund cette fois-ci pour violation des règlements intérieurs de l’hémicycle intervenus le 12 juin dernier.

Cette énième pétition est l’oeuvre de l’honorable Didi Madara président du groupe parlementaire PPRD et Alliés et connaît un succès fou dans la récolte ou collecte des signatures des députés FCC qui démontrent par là une détermination à vouloir faire sauter celui qu’on surnomme le “maître nageur” du perchoir de l’Assemblée nationale.

Pour conclure cette tribune sensible pour son thème, nous pouvons dire la coalition au pouvoir (FCC-CACH) est émaillée des turbulences et des égos surdimensionnés entre les différents acteurs qui les animent.

Au chef de l’État, la recommandation de modifier son cabinet est nécessaire pour la bonne marche des affaires publiques.

Aux membres du gouvernement, le sérieux est exigé car les allégeances à leurs obédiences politiques favorisent la malversation financière, détournement des deniers publics et surtout la corruption.
Le Congo n’a plus besoin des guéguerres politiques au sein des institutions et le sérieux est impératif pour le redressement socio-économique de sa population.

Erik Binga, analyste politique et économiste monétaire

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