Covid-19 :L’Etat congolais doit intervenir dans l’immédiat pour ramener de l’ordre et limiter des décès en cascade (Tribune de Rachie Lontulungu)

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Chers frères et sœurs, amis et amies de la République, nous traversons une période d’extrême urgence planétaire avec le Coronavirus.

L’espèce humaine va subir un ratissage systématique par Covid-19 si nous ne reprenons pas vite conscience et ne prenons pas en main le contrôle de la situation.

Cet état de choses ressemble à une guerre totale, au cours de laquelle nous sommes mis en cavale, avec l’espoir que celle-ci prendra fin et que nous nous réunirons de nouveau.

À la différence d’une guerre au sens traditionnel du terme où une partie de gens est poussée à se mettre en cavale et une autre au front, nous faisons face à un ennemi invisible dont l’élimination exige que nous menions le combat ensemble.
Vaincre cet ennemi ne requiert pas de moyens d’action spécialisés.

Avec des simples gestes barrières, nous sauverons des vies humaines. N’attendons pas que cette maladie prenne de l’ampleur pour évaluer ses dégâts. Levons-nous, agissons maintenant et arrêtons l’ennemi public numéro un avant qu’il ne fasse davantage des dégâts. Mieux vaut prévenir que guérir.

1. Notre système de santé connaît beaucoup de faiblesses, beaucoup de défaillances et il est inadapté pour faire face au Covid-19. Nous avons le devoir de construire un système de santé digne de notre grand pays pour l’avenir. Actuellement, nos hôpitaux sont débordés et sous-équipés,quelques-uns travaillant même au-delà de leurs capacités d’action.

Il est important que l’Etat prenne des mesures d’urgence pour renforcer la capacité des hôpitaux dans tout le pays ainsi que celle du personnel soignant. Les entreprises publiques et privées peuvent aussi doter les communautés des hôpitaux modernes dans le cadre de la responsabilité societale.

Cette pandémie nous fait comprendre la nécessite de mettre sur pied un système de santé performant et accessible à tous. A cette exigence s’ajoute aussi l’absence inquiétante des recherches biomédicales et scientifiques. Notre pays dispose des chercheurs ayant beaucoup de compétences. Il est alors indispensable que la RDC pense à relancer le domaine de la recherche en y consacrant des moyens conséquents en plus d’appliquer une bonne politique de recherche.

2. Une partie de notre population affiche un certain scepticisme face à l’existence de la maladie. Ce scepticisme est nourri par des rumeurs de diverses natures provoquant la déroute des esprits et exposant le pays à plus de contaminations dans les jours à venir.

L’élaboration d’une loi anti-cybercriminalité s’impose pour prévenir des rumeurs formatées depuis des officines occultes pour discréditer les efforts du Gouvernement et des personnels soignants. Des gens doutent de l’existence de la maladie et ils en demandent des preuves.

Chaque jour, nous prions le bon Dieu pour repousser des mauvais esprits que nous n’avons jamais vus mais dont nous reconnaissons la présence à travers leurs effets néfastes. Cela est pareil avec Covid-19. La maladie est là, ses effets négatifs sont visibles. Ne soyons pas distraits par le diable, ne laissons pas ce dernier endurcir nos coeurs. Prenons garde et respectons les gestes barrières.

Un célèbre musicien Congolais avait chanté “Élie obatelaka nzoto. Nzoto eza eloko basombaka te. Basalisaka te epayi ya ba menusiers po o salisa”. Redoublons donc de vigilance.

3. L’accroissement des cas de Covid-19 est dû notamment à l’absence d’un test rapide. Les personnes atteintes courent librement, propageant ainsi le virus pour ne connaître leur état infectieux que trois à quatre jours après le dépistage. Le gouvernement doit acquérir des kits de test rapide dans l’urgence pour arriver à contenir la maladie.

Nous devons travailler avec l’objectif de réaliser le standard international qui requiert une capacité de dépistage de 200.000 personnes chaque jour dans un pays.
Pour un pays à la taille de la RDC, si un prélèvement doit quitter Bukavu, voyager 500 kilomètres jusqu’à Kinshasa pour être étudié et faire le chemin retour pour porter le résultat après une semaine, nous serons loin de limiter la propagation de la maladie.

4. Face à la nécessité de réduire au maximum le flux des personnes dans les places publiques et dans les transports en commun qui sont considérés comme des endroits à très fort risque de contamination, il est nécessaire que la RDC, à l’exemple d’autres pays, se dote d’une loi sur le télétravail.

Outre la réduction de la mobilité des gens, le télétravail présente certains avantages:-une efficacité dans le travail parce qu’il y’a moins de distraction venant des collègues,une meilleure gestion de son temps de travail,une économie de temps et de frais de transport, une réduction des embouteillages,une économie d’énergie et d’espaces à louer pour les bureaux, même des frais liés à l’entretien de ces bureaux.

Cela nous aidera à maintenir une partie de gens à la maison. Covid-19 nous a appris que nous pouvons travailler depuis la maison et produire d’excellents résultats. Il est temps que ce mécanisme soit encadré par une loi, plus au moins pour les emplois qui entrent dans cette particularité.

5. En parallèle avec Covid-19, nous notons une augmentation du nombre des décès dans le pays qui ne sont pas nécessairement dûs au Covid-19 car la plupart des hôpitaux de la place ne savent plus s’occuper d’autres maladies ou soit que ces hôpitaux sont tout simplement pris entre Coronavirus et diverses maladies.

Les urgences dans les hôpitaux ne fonctionnent plus normalement. Beaucoup de gens meurent avant qu’ils ne reçoivent un traitement du personnel soignant. Des agents de santé évitent parfois tout contact avec des malades pour leur propre sécurité aussi tant qu’ils n’ont pas de résultats d’un test Covid-19 qui, du reste, prend du temps pour être confirmé.

Beaucoup de patients admis dans un état critique meurent pendant ce processus.
Certains hôpitaux sont dans la perdition et la confusion totale. Le mécanisme de prise en charge des malades s’est désagrégé.

L’Etat congolais doit intervenir dans l’immédiat pour ramener de l’ordre et limiter ainsi des décès en cascade suite à d’autres maladies qui ne sont pas prises en charge correctement pour le moment. Il doit sauver le pays des risques de déroute.

Cette situation fait que certaines personnes ne préfèrent plus fréquenter des hôpitaux en cas de maladie, elles recourent à des traitements de détresse chez des tradi-praticiens.
En outre, l’Etat congolais est appelé à rouvrir l’espace aérien pour évacuer des cas critiques vers l’étranger et pour permettre aux abonnés des hôpitaux à l’étranger de répondre à leurs rendez-vous médicaux. Il y a urgence.

6. Le président de la République avait pris une excellente initiative en créant un fonds de solidarité anti Covid-19.

Les premiers contributeurs du dit fonds censés être des citoyens congolais, nous avons le devoir de connaître la politique de mobilisation de fonds mis en place par cet organe et de nous poser plusieurs questions:

Quel est son adresse sociale?

A quel compte bancaire faut-il contribuer financièrement pour lutter contre COVID-19?

Comment nous assurer que notre contribution est utilisée à bon escient ?

Qu’est-ce que le fonds a déjà perçu comme donation jusqu’à ce jour ?

Comment est-ce que le fonds déjà perçu est géré ?

Les réponses pertinentes reçues permettront d’accroître la participation du peuple à la réalisation des objectifs assignés par le chef de l’Etat à cet organe.

7. L’économie congolaise encourt une récession dans les tous prochains jours.Tous les agrégats économiques conduisant à ce phénomène sont réunis: une hausse incontrôlée des prix, une faible mobilisation des recettes, une dépréciation de la monnaie locale, etc.

Il est urgent que l’Etat annonce des mesures de relance économique et qu’il envisage la relance de la croissance. Dans le cadre de la réouverture de l’espace économique en pleine COVID-19, l’Etat est appelé à lever progressivement les restrictions sur le secteur de la production. Il doit appuyer les producteurs locaux par des mesures d’accompagnement exceptionnelles.

Richie Lontulungu,directeur exécutif de la haute académie de société civile congolaise

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